samedi 30 mai 2009

Pique-nique

L’une des principales distractions le week-end en Iran est sans contestation possible le sacro-saint pique-nique.

Tous les vendredi matin, la grande transhumance des citadins commence vers les montagnes ou les campagnes environnantes, et, peu à peu, les endroits les plus propices se couvrent de tentes et de Zilous (large tapis de plastique pour recouvrir le sol).

Le pique-nique, ici, est beaucoup plus qu’une simple occasion de prendre l’air, c’est aussi le moyen pour les Iraniens de discuter, d’écouter de la musique, de danser aussi quelquefois débarrassés de toute pression.

Je ne peux bien sur qu’adhérer à ce rituel, mais techniquement j’ai vraiment du mal à saisir pourquoi certains d’entre eux choisissent les lieux les plus improbables pour leur pique-nique (et ce n’est clairement pas pour échapper à la surveillance des « Pasdarans »).

Tout y passe : le bas-côté poussiéreux d’une route, l’asphalte brulant d’un parking, et même le milieu d’un échangeur d’autoroute (vous savez.. le no man’s land coincé par les voies d’accès).


And the winner is….

Une fois n’est pas coutume, je vais faire dans l’actualité. Comme vous le savez sans doute les Iraniens vont choisir un nouveau président le 12 juin de cette année. Ce président aura le destin de la nation entre les mains pour les 4 prochaines années,…enfin,…. pas que dans ses propres mains.

C’est que le pouvoir, ici, est dissolu dans les multiples sphères politiques, militaires et religieuses du pays. Le président de la république islamique d’Iran n’a, par exemple, pas ou peu de pouvoir sur la défense ou sur le système judiciaire, ces 2 pans du système sont des prérogatives du « Guide Suprême de la Révolution », l’Ayatollah Khamenei.

Mais revenons à nos candidats,…

Peu de chance d’avoir un candidat farfelu (encore que Mahmoud,…), un « Conseil de Gardiens » (instance religieuse nommée par le Guide Suprême) valide chaque dossier, et supprime les cas les plus douteux (joueur de foot, idiot du village ou,… encore plus déraisonnable : les femmes ou les réformateurs,…). Bref sur 450 dossiers, seuls 4 ont été retenus.
Ils avaient été beaucoup plus nombreux 4 ans auparavant, ce qui avait fortement éparpillé les votes et conduit à l’élection surprise de Mahmoud Ahmadinedjad (peut-être une raison du nombre limité de candidat cette année).

Les prétendants sont donc :
  • Un religieux réformateur (mais pas trop), Mehdi Karroubi,
  • Un conservateur modéré, Mir Hossein Moussavi (sans doute le principal adversaire d’Ahmadinedjad),
  • Un ultraconservateur, Mohsen Rezaie (ancien chez des « Pasdaran », la police religieuse,…tout un programme)
  • Un conservateur fondamentaliste, Mahmoud Ahmadinedjad, himself, qui brigue un second mandat.
Bref, vous le voyez, un panel des plus larges,….

Allez, je vais jouer un peu aux apprentis pronostiqueurs : qui sera le prochain président de la république islamique d’Iran ?

Bein, unfortunatly , je pense que ça sera ….encore Mahmoud !!!

Bien qu’il soit honni dans les sphères intellectuelles de Téhéran, il est extrêmement magnifié dans les campagnes iraniennes grâce à sa politique hyper populiste. Mine de rien, en 4 ans, il a réussi à dilapider tous l’argent du pétrole dans ses subventions directes aux petits paysans,... peu importe si le pays est maintenant à cours de liquidité, et que l’inflation y est l’une des plus importantes au monde. Grâce à cette politique, il a autour de 50% d’intention de vote au premier tour d’après les sondages (mais je doute un peu de la véracité des sondages iraniens).

En plus le « Guide Suprême » le soutient presque officiellement, alors…..le prêche est dit (si j’ose m’exprimer ainsi).


samedi 9 mai 2009

Happy Nowrouz


Le nouvel an iranien est fêté le premier jour du printemps, c’est un héritage du calendrier Zoroastrien que l’arrivée de l’Islam n’a pas bouleversée. La célébration se déroule sur plusieurs jours, et suit un rituel bien établis… et un peu complexe aussi (cf lien Wikipédia).

Cette période est sans doute le meilleur moment de l’année pour les Iraniens : c’est l’une des rares occasions de sortir dans les rues pour un évènement vraiment festif,… bref l’ambiance y est beaucoup plus légère qu’à l’accoutumée.
Pour faire simple, « Nowrouz » c’est un peu le « nouvel an », le « 14 juillet » et les « grandes vacances d’août » de chez nous réunis en même temps. Les vendeurs des carrefours troquent leurs babioles habituelles par des pétards qui seront abusivement utilisés la veille, les devantures de magasins s’ornent de décorations traditionnelles (bougies, œufs peints, germes de blé,…), et beaucoup de monde profite des 2 semaines de vacances données dans les grandes administrations pour aller voir leur famille en province. Même la mairie de Téhéran tente de décorer un peu la ville pour l’occasion.

L’une des traditions les plus surprenantes est l’apparition quelques jours avant le nouvel an d’individus tout de rouge vêtus et avec visage grimé de noir. On les appelle les « Haji Pirûz », ils symbolisent la fin et la renaissance de l’année. Ces personnages déambulent dans les rues en dansant et en chatant la bonne année, tambourins à la main. Beaucoup de passant leur donnent un ou 2 billets en échange de leurs bons vœux.

Pour moi, « Nowrouz », c’est aussi beau bordel à l’aéroport quand tout le monde rentre à Téhéran en même temps. La police religieuse y est complètement dépassée à cause de l’affluence, et finit par laisser passer les bagages sans vérification...bref une bonne période pour passer outre la censure.